Edward Gorey est un dessinateur américain que j'admire. Dessin étrange, oeuvre morbide et élégante, inspirée d'un XIXème siècle où se baladerait Jack l'éventreur, où les ombres d'Alice et Wendy joueraient sur les murs.
Des rasoirs rouillés et des bouteilles vides jonchent le sol, de la fumée sort de l'usine et Mme Lovett distribue ses Meat Pies tandis que dans la ruelle, Dracula abandonne le cadavre d'un avocat véreux.
On joue à cache à cache avec les rats. L'univers enfantin de Gorey n'est ni rose, ni douillet, ni réconfortant, sauf quand les héros sont des Chats.
Monde hivernal en noir et blanc, peuplé d'enfants aux yeux ronds et innocents qu'enveloppe déjà la silhouette mince de la Mort, qui, comme une maman, les protègent de son ombrelle. Comme si, paradoxalement, cette ombrelle les protégera d'un autre mal, inconnu, celui-là.
Comme le joueur de flûte de Hamelin, elle les amène ailleurs. Ils sont prêts pour le voyage. En Enfer ou au Paradis, je l'ignore, ou bien dans les Limbes.
Dans son ouvrage The Gashlycrumb Tinies paru en 1963, il joue sur (et avec ?) la mort, l'innocence meurtrie, la curiosité, la désobéissance, et toutes ces angoisses enfantines qui ne cesseront jamais de nous poursuivre (le Loup, disait Hitchcok, a seulement changé de visage), qui appellent, inconsciemment ou non, la Mort.
C'est un jeu sur le tabou ultime : Ennui, Tristesse, Douleur, Mort et Enfance ne se connaissent pas, ne frayent pas ensemble, ne sont pas destinées l'une à l'autre. Les enfants ne connaissent pas encore "la vraie vie" ! Ils n'ont aucune raison d'être tristes.
Et si chez la Comtesse de Ségur, la punition est sévère mais juste, Mr Gorey dessine des tableaux où l'imagination est Reine et l'humour, forcement noir ; et la punition...
Des rasoirs rouillés et des bouteilles vides jonchent le sol, de la fumée sort de l'usine et Mme Lovett distribue ses Meat Pies tandis que dans la ruelle, Dracula abandonne le cadavre d'un avocat véreux.
On joue à cache à cache avec les rats. L'univers enfantin de Gorey n'est ni rose, ni douillet, ni réconfortant, sauf quand les héros sont des Chats.
Monde hivernal en noir et blanc, peuplé d'enfants aux yeux ronds et innocents qu'enveloppe déjà la silhouette mince de la Mort, qui, comme une maman, les protègent de son ombrelle. Comme si, paradoxalement, cette ombrelle les protégera d'un autre mal, inconnu, celui-là.
Comme le joueur de flûte de Hamelin, elle les amène ailleurs. Ils sont prêts pour le voyage. En Enfer ou au Paradis, je l'ignore, ou bien dans les Limbes.
Dans son ouvrage The Gashlycrumb Tinies paru en 1963, il joue sur (et avec ?) la mort, l'innocence meurtrie, la curiosité, la désobéissance, et toutes ces angoisses enfantines qui ne cesseront jamais de nous poursuivre (le Loup, disait Hitchcok, a seulement changé de visage), qui appellent, inconsciemment ou non, la Mort.
C'est un jeu sur le tabou ultime : Ennui, Tristesse, Douleur, Mort et Enfance ne se connaissent pas, ne frayent pas ensemble, ne sont pas destinées l'une à l'autre. Les enfants ne connaissent pas encore "la vraie vie" ! Ils n'ont aucune raison d'être tristes.
Et si chez la Comtesse de Ségur, la punition est sévère mais juste, Mr Gorey dessine des tableaux où l'imagination est Reine et l'humour, forcement noir ; et la punition...
A is for Amy who fell down the stairs.
B is for Basil assaulted by bears.
C is for Clara who wasted away.
D is for Desmond thrown out of a sleigh.
E is for Ernest who choked on a peach.
F is for Fanny sucked dry by a leech.
G is for George smothered under a rug.
H is for Hector done in by a thug.
I is for Ida who drowned in a lake.
J is for James who took lye by mistake.
K is for Kate who was struck with an axe.
L is for Leo who swallowed some tacks.
M is for Maud who was swept out to sea.
N is for Neville who died of ennui.
O is for Olive run through with an awl.
P is for Prue trampled flat in a brawl.
Q is for Quentin who sank on a mire.
R is for Rhoda consumed by a fire.
S is for Susan who perished of fits.
T is for Titus who flew into bits.
U is for Una who slipped down a drain.
V is for Victor squashed under a train.
W is for Winnie embedded in ice.
X is for Xerxes devoured by mice.
Y is for Yorick whose head was knocked in.
Z is for Zillah who drank too much gin.
Et comme dirait Agatha Christie : "Et à la fin, il n'en resta plus aucun."
9 commentaires:
Très intéressant Fauna cette découverte matinale ; je ne connaissais pas cet artiste, j'aime ses traits (au propre comme au figuré)...
Bonjour,
On m'a offert il y a quelques années un théâtre de papier reprenant son "Dracula" (on le trouve encore) : un vrai bonheur d'enfant irréverencieux. En volume, son univers est saisissant.
Je ne serais pas etonnée qu'il ait ete une inspiration de Tim Burton...
Merci Fauna,j'aime vraiment beaucoup!
En deux mots: j'adore. L'ambiance de ces dessins, à la fois simple et ambigüe, qui à la fois angoisse et rassure...je trouve ça absolument génial. Je n'en attendais pas moins de toi, de réussir à extraire ce genre de perle de la Grande Bourriche d'huitres de l'univers...(au fait, je sais pas si tu as remarqué, mais c'est bientôt Noël. Faichtre.)
En lisant ces petits vers, j'ai une petite musique qui me trotine dans la tête. Je suis sure qu'elle vient de quelque part, assez loin. Bon, il est aussi de notoriété publique que j'entends souvent des voix qui n'existent pas, mais d'habitude ça me demande plutôt de brûler des choses.
J'ai une envie subite de jouer avec la petite mécanique aigrelette, la boite à musique sans boite qui joue les deux premières mesures de "la panthère rose". C'est bête qu'on ne puisse pas se passer des objets par le net: je suis sure que tu l'aurai aimée, toi aussi.
J'adore !!!!!!
Et Gorey et ton billet !
Je ressens les mêmes palpitations.
J'en avais parlé chez moi, il y a longtemps. J'aime beaucoup aussi ses illustrations du Meilleur des mondes.
http://www.enroweb.com/dotclear/index.php?2005/06/29/186-iconographie-de-la-guerre-des-mondes
Tim Burton s'en est inspiré, cela me semble évident, mais Gorey est inimitable.
Merci de corriger, Fauna, mon lapsus calamiteux, mais aujourd'hui j'ai le cerveau en bouilli.
La guerre des mondes, of course. J'ai d'ailleurs le volume sous la main.
Excellent !! et dire que je ne connaissais pas cette comptine de Gorey , décidément Fauna tu combles mes lacunes! ;o
Merci Fauna ! tu réveilles en moi un vieux souvenir, j'avais en effet "croisé" quelques livres de ce dessinateur chez une amie il y a bien longtemps, et j'étais déjà fascinée à l'époque...
Oh merci pour tous ces dessins ! Quelle splendeur !!
En fait je crois que je ne connaissais Edward Gorey que de nom, mais il me semble l'avoir toujours connu. Il doit m'avoir jeté un charme...
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