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vendredi 16 mars 2007

Wild Child

Dans ma tanière, je suis une enfant sauvage. De ceux qui grognent quand on les ennuie ou quand on les approche de trop près, ceux qui rient très fort quand il leur en prend l'envie, ceux qui dévorent parcequ'ils ont faim, qui boivent et renversent immanquablement leur verre, en le cassant parfois comme les Slaves, de ceux qui ne savent pas s'endormir sans regarder les étoiles, parfois prudents parfois non. La Nature est mon temple. Il y a Dieu, je l'appelerai Dieu parcequ'il a peut-être un autre nom mais je ne le connais pas, et je le vois dans les nuages et dans les arbres, dans la rivière et les abeilles et dans les ruines. Dieu, ce n'est peut-être pas le nom que je devrais lui donner. Chez moi, il a des cornes sur la tête.
Je suis une enfant sauvage. J'ai des amis qui sont orphelins, bêtes de foire et enfants des fées. Petite, il y avait un feuilleton qui passait, et ça s'appelait L'enfant des loups, je n'ai que peu de souvenirs, mais une image s'est imprimée dans ma rétine, l'image de la blonde enfant avec une peau de loup sur la tête, une peau qui venait juste d'être prelevée de la carcasse de l'animal mort, et le sang coulait sur son visage et sa poitrine.
Maman,je veux une peau de bête
.
Cacher pour reveler. J'ai du porter une telle peau dans une autre vie, une peau de l'animal aimé comme une protection mystique, comme une deuxième peau, mon troisième oeil, je ne suis ni Homme ni Femme, je suis Enfant, et cette peau est ma couverture, je m'y cache, je m'y endors, et le soir je me transforme en louve.
A choisir, je serai peut-être un félin au Cambodge, ou Bagheera en Inde. Ou alors je serai Mowgli, je parlerai aux loups et aux chacals, et de toutes façons, je finirai par porter une peau de bête, sauf qu'elle sera tigrée et non grise, alors je serai quand même un animal. Je n'ai pas peur du feu et danserai devant, comme les tribus amerindiennes ou les celtes à Beltane. François Truffaut ne fera pas de film sur moi, parceque personne ne m'attrapera. Je me tapis dans les bois,sous les branches d'arbres, aussi noire que l'ombre, et personne ne me trouvera, jamais. Osmose avec le cosmos, des brins d'herbe dans les cheveux, des étoiles dans les yeux, et la lune sur mes lèvres, un cri dans la gorge comme si j'allais à l'abordage, je ne veux pas de vos colliers de perle, donnez-moi ce chapeau de pirate, qui ira parfaitement avec ma fourrure. Petit animal perdu, Romulus sans Rémus, Rapunzel des forêts, Peau d'âne un peu folle. L'arbre est mon ami et ne dira rien de mes secrets, mes cheveux sont emmelés et il vaudrait mieux les couper, je divague et ne connais pas la tempérance.
Je suis un enfant un peu brouillon, un oiseau ou crocodile sorti de sa coquille. Je suis un ours qui se detourne sans un regard si on ne l'aime pas et de toute façons, ça n'a pas d'importance, un loup qui s'aggrippe si on l'aime, tranquille dans son milieu, ruines romaines, greniers poussiereux ou cimetières anglais, je suis un palindrome, mon passé est mon futur. Passons de l'autre côté du miroir, traversons le lac, même si les Anciens disent que l'on peut en devenir fou. Je suis un bouffon qui chante pour moi les anciennes légendes, les contes, la mort d'Ophélie et celle d'Achille, avec une voix rauque, de ces voix qui ne s'élèvent pas souvent, de ces voix qui ressemblent à celles des fumeurs de tabac, chanteurs à la peau d'ébène qui racontent leur entrevue avec le Diable au tournant d'un chemin desert. J'ai des griffes sous mon velours gris, une dague caché dans le ventre, une fée sur l'épaule et des yeux un peu tristes, quand la promenade m'emmène ailleurs, sous les néons aveuglants des villes, en dehors du château de Louis. Je ne suis ni Homme ni Femme, je suis un vieil Enfant caché sous une peau. Le fil du temps, je le déroule à l'envers.

Wild child full of grace
Savior of the human race, your cool face
Natural child, terrible child
Not your mothers or your fathers child
Your our child, screamin wild
An ancient lunatic reigns in the trees of the night

With hunger at her heels, freedom in her eyes
She dances on her knees, pirate prince at her side
Stirrin into a hollow idols eyes
Wild child full of grace, savior of the human race
Your cool face, your cool face, your cool face
Do you remember when we were in Africa?
Jim Morisson - Wild Child

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous me ravissez toujours autant.
Il y a quelque chose qui m'échappe dans vos textes,je suppose que c'est la raison pour laquelle ils me semblent si intriguants,si "autres".

Vous n'êtes pas d'ici,je vous l'assure,vous êtes d'un monde autre,vous m'intriguez,je le répète.
A bientôt,Fauna.

Holly Golightly a dit…

Texte sublime ma Fauna, qui habille parfaitement ma belle amie imaginaire mais tout à fait réelle, que j'aime tant et que j'admire.
Tu sais réconcilier ce qui ne peut l'être et c'est la voie que je veux suivre. Si je tombe en chemin, je sais que tu me tendras la main et, moi, modestement, je serai là pour toi.

Lamousmé a dit…

c'est tellement beau...que je préfère me taire!!!